Après notre sieste bien méritée, nous reprenons la direction du port pour rejoindre le parc fermé et le buffet organisé par l'ACM pour les concurrents. Je sens le stress me gagner. Je vais rouler la fameuse nuit du Turini exactement comme quand j'étais adolescent et que je passais la nuit accroché à la radio pour suivre cette légendaire nuit du Turini. En plus, nous sommes très bien classé au classement général. Il n'y a pas intérêt à ce que je fasse des bêtises. L'idée de tout à la fois faire en sorte de terminer le rallye et de tout faire pour réaliser le meilleur classement possible en sachant que le terrain sec est défavorable pour notre petite Fiat avec ses valeureux petits 75 CV. Pat tente tant bien que mal de me calmer. J'arrive juste à avaler un peu de nourriture et je dois aller à la voiture pour rentrer dans l'action et ainsi retrouver la concentration nécessaire.
Au programme de cette nuit, les ZR 13, 14, 15 et 16.
Au départ de Monaco, sur le podium, nous annonce comme faisant aussi partie du Kronos Racing Team. Il est vrai que la super Fiat sort de leurs ateliers.
Pour arriver au Col de l'Orme, nous avons déjà les innombrables épingles de la route nous y menant. De quoi se mettre dans le rythme.
ZR13 Col de l'Orme - Peira Cava - Col du Turini - La Bollène Vésubie (35,24 km)
Le départ se fait par le Col de l'Orme et ses innombrables lacets, suivi par la traversée de Peira Cava sur une route large et rapide avant d'atteindre le sommet du Col du Turini, qui est franchi en un double gauche rapide, le second se refermant très nettement. Ensuite, descente classique, plutôt rapide mais entrecoupée d'épingles jusqu'à la Bollène.
Ce qui est extraordinaire, c'est de voir les nombreux spectateurs tout au long du parcours de la ZR. Ils sont enthousiastes et nous encourage. Pour la petite Fiat, c'est à fond en permanence. Le problème est que pour chaque épingle, il faut rentrer la première presque à l'arrêt et ensuite relancer la machine. Encore heureux que nous avons cet extraordinaire moteur préparé par Kronos, mais tenir une moyenne de 49,9 Km/h dans ces conditions relève de la mission impossible pour notre valeureuse 850. Dans les parties rapides, je reste à fond, nous traversons Peira Cava pied au plancher pour arriver au sommet du Turini. Avant le premier gauche, nous recevons une boule de neige sur le pare-brise. Dommage qu'il y ait des irresponsables dans les spectateurs! Ensuite, nous sommes littéralement aveuglés par les flash des appareils photos. C'est à l'aveugle que je me jette dans le second gauche et que j'y découvre de la neige, certainement placée par les spectateurs. En travers, je passe le virage et attaque la descente vers la Bollène. Je frôle régulièrement la limite mais cela passe. A l'arrivée, je suis complètement trempé par l'effort de ces 35 km à fond absolu. Mais que la Fiat répond bien dans ces conditions extrêmes!
Nous terminons cette ZR à la 154 ème place devant les deux autres Fiat 850. Petite consolation. Au général, nous reculons à la 75 ème place.
Pas le temps de souffler, les épingles de la descente à partir de la Bollène sont avalées au même rythme que la ZR et rapidement nous sommes au départ de la ZR 14. Nous contrôlons le niveau d'essence. Ok, nous allons pouvoir faire cette ZR sans ravitailler.
ZR14 Lantosque - Loda - Luceram (19,59 Km)
Cela commence immédiatement bien avec un départ en montée saccadée à flanc de montagne surplombant la Vésubie avec deux lacets précédent la traversée de Loda. Ensuite jusqu'au Col St Roch, c'est une succession d'enfilades sans changement de rythme sur une chaussée couverte de pierres. Pour terminer, une descente rapide entrecoupée de nombreuses épingles serrées jusqu'à Luceram.
Bien évidemment, c'est de nouveau à fond tout le temps. Une grosse frayeur aussi quand Pat m'annonce un gauche 30° et qu'une fois engagé à fond dans le virage, je m'étonne de ne pas voir la route et que le virage continue. En fait, il s'agit d'un gauche 180°!!!!!!! Le passage a été chaud. Très certainement une faute de notre part lors de la prise de note! Plus de peur que de mal puisque nous sommes passés. Dans la descente vers Luceram, à un moment Pat m'annonce un droit 30° pour une épingle droite. Or dans les phares, je vois un gauche 30° pour une épingle gauche. Très certainement mon côté féminin qui a pris le dessus lors des reccos! Pour le second passage, cela ira, les notes sont corrigées.
Nous terminons 195ème juste derrière la 850 n°104. Pas bien, je ne suis pas devant elle! Au classement général, nous reculons à la 88ème place.
Une fois encore, je suis trempé mais pas le temps de souffler, il faut aller au CH de Sospel avec les innombrables lacets pour y arriver. Je dois aussi gérer le carburant car il n'y a pas de station service sur tout le parcours. Nous arrivons quasiment à sec à l'assistance à Sospel et nous pouvons remettre 20 litres dans le réservoir.
Quelques minutes de repos, le temps de boire et c'est reparti pour un second tour.
ZR15 Col de l'Orme - Peira Cava - Col du Turini - La Bollène Vésubie (35,24 Km)
Comme pour le premier passage, c'est à fond tout le temps. Pas besoin de regarder le chrono, Pat m'annonce les notes et cela va déjà suffisamment vite pour elle. Heureusement qu'elle est là pour m'annoncer les virages et que j'ai gardé en mémoire le premier passage. Au sommet du Turini, l'inconscient de service est toujours là et maintenant, il nous jette la neige avec sa pelle. Le pare-brise est complètement maculé et je dois faire aller les essuies glace pour à nouveau y voir quelque chose. La suite se passe sans problèmes à part que nous sommes à fond et à la limite tout le temps.
Comme pour le premier passage, c'est à fond tout le temps. Pas besoin de regarder le chrono, Pat m'annonce les notes et cela va déjà suffisamment vite pour elle. Heureusement qu'elle est là pour m'annoncer les virages et que j'ai gardé en mémoire le premier passage. Au sommet du Turini, l'inconscient de service est toujours là et maintenant, il nous jette la neige avec sa pelle. Le pare-brise est complètement maculé et je dois faire aller les essuies glace pour à nouveau y voir quelque chose. La suite se passe sans problèmes à part que nous sommes à fond et à la limite tout le temps.
Nous terminons la ZR à la 184ème place à nouveau juste derrière la Fiat 850 n°104. Au général, le recul continue, nous sommes 100ème.
Nous continuons pour aller à la dernière ZR.
ZR16 Lantosque - Loda -Luceram (19,59 km)
Toujours à fond, mais avec des notes corrigées. A un moment, la Peugeot 504 n°117 qui fait toutes les ZR en scratch sans tenir compte de la moyenne, nous pousse. Je me mets sur le côté mais Pat s'inquiète car le ravin est très près. Après ce petit incident, nous continuons. Dans la descente, nous rattrapons une voiture qui nous avait dépassé dans la montée. C'est rageant de se dire que si nous sommes largués dans la montée, nous sommes très rapides dans la descente.
Nous terminons cette dernière ZR à la 200 ème place. Au final, notre classement est la 115 ème place. Troisième des moins de 1.300cc et bien qu'il ne soit pas officiellement comptabilisé, nous sommes premiers des moins de 1.000cc.
Ce n'est pas tout, il faut encore rentrer dans les temps à Monaco. Comme nous n'avons plus beaucoup de carburant, il nous faut trouver une assistance qui acceptera de nous dépanner. La première que nous rencontrons est espagnole et s'occupe de la Saab n°90. Sans hésiter, ils nous remplissent 20 litres d'essence. Ce sera bon pour rallier Monaco.
Un peu après, c'est le câble de compteur kilométrique qui casse. Ensuite, je sens que le train arrière flotte de plus en plus. C'est un peu comme si notre vaillante Fiat sachant que le rallye est terminé, se relâche. Le temps pour rallier le parc fermé est au plus court et c'est à fond que nous emmenons un groupe de quatre voitures à travers Monaco. Heureusement qu'à cette heure avancée de la nuit (2h30) il n'y a pas grand monde dans les rues. Nous pointons juste à temps.
Pour fêter cette merveilleuse aventure, nous débouchons une bouteille de champagne. Nous arrosons la Fiat et ensuite nous buvons chacun une bonne gorgée de ces fabuleuses bulles champenoises.
Voilà une bien belle aventure qui se termine. J'ai les yeux encore pleins de ces moments magiques. Grâce à Pat, j'ai pu vivre ce rêve et je ne saurai jamais suffisamment la remercier pour cela. Il est certain que nous repartons l'année prochaine et avec la Fiat 850 made by Kronos.
Vers 4h30 du matin, nous regagnons notre hôtel pour une bonne nuit bien méritée qui sera bercée par toutes les images emmagasinées durant le rallye.
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